jeudi 23 janvier 2014

Partie 3: aperçu des résultats d'inventaire

L'inventaire préliminaire des libellules de Gatineau est…préliminaire. On y observe malgré tout des tendances intéressantes:


Au moins 100 espèces ont été observées au total à un moment ou un autre sur le territoire de la ville de Gatineau.

De ces 100 espèces, 4 ont été observées pour la première fois en 2012.

De ces 100 espèces, 25 n'ont pas été revues au cours des 15 dernières années.


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Les 4 nouveautés de Gatineau sont des espèces:
  • qui sont répandues et abondantes dans les ville nord-américaines,
  • dont l'aire de répartition est en expansion vers le nord,
  • qui préfèrent les milieux d'eau stagnante, comme les étangs,
  • qui sont assez flexibles quant aux conditions de leur milieu, que l'on peut donc qualifier d'espèces généralistes ou eurybiotes et
  • qui ont la capacité de coloniser rapidement des milieux nouvellement créés ou perturbés. Ce sont des espèces dites pionnières.

 Nos 4 nouvelles espèces en photo:


Célithème géante (Celithemis eponina)
Périthème délicate (Perithemis tenera)

Pachydiplax (Pachydiplax longipennis)

Agrion civil (Enallagma civile)

À Ottawa, tout juste de l'autre côté de la rivière des Outaouais, une autre espèce est apparue récemment: la Traméa lacérée (Tramea lacerata). Elle s'est sans aucun doute aussi montrée du côté de l'Outaouais québecois, mais nous ne l'y avons pas surprise…Comme nous sommes dans un corridor de migration, il est certain qu'en augmentant le nombre d'observateurs chez nous, nous risquerions de voir arriver plusieurs autres espèces actuellement présentes dans le nord-est des États-Unis et en Ontario et en expansion vers le nord.


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Les 25 espèces dont nous n'avons pas encore pu confirmer la présence récente à Gatineau sont présentes ailleurs dans le district Ottawa-Gatineau (BRACKEN, B. and C. LEWIS, 2008), mais y sont pour la plupart considérées comme  peu fréquentes, rares ou très rares dans la région, en raison notamment:

  • d'une grande dépendance aux conditions d'un habitat spécifique entraînant une distribution très localisée,
  • d'une présence sporadique dans notre zone climatique, et/ou
  • d'une difficulté particulière à les observer en raison de leurs moeurs discrètes ou d'un milieu difficile à inventorier, ce qui ferait qu'on en sous-estimerait la présence.

Les 25 espèces à "retrouver" à Gatineau sont:

*Agrion rougeâtre (Amphiagrion saucium)
*Agrion de Hagen (Enallagma hageni)
Agrion printanier (Enallagma vernale)
*Aeschne porte-crosse (Aeshna eremita)
Aeschne domino (Aeshna interrupta)
*Aeschne verticale (Aeshna verticalis)
*Aeschne fuligineuse (Boyeria grafiana)
*Gomphe jumeau (Gomphus adelphus)
*Gomphe descriptif (Gomphus descriptus)
*Ophiogomphe bariolé (Ophiogomphus anomalus)
*Ophiogomphe boréal (Ophiogomphus colubrinus)
*Gomphe riverain (Stylurus amnicola)
*Gomphe fléché (Stylurus spiniceps)
*Cordulegastre aux yeux séparés (Cordulegaster diastatops)
*Cordulegastre oblique (Cordulegaster obliqua)
Cordulia de Shurtleffer (Cordulia shertleffi)
*Épithèque d'Uhler (Helocordulia uhleri)
*Cordulie fourchue (Somatochlora forcipata)
*Cordulie de Kennedy (Somatochlora kennedyi)
Cordulie mineure (Somatochlora minor)
*Cordulie de Walsh (Somatochlora walshii)
Leucorrhine glaciale (Leucorrhinia glacialis)
*Leucorrhine hudsonnienne (Leucorrhinia hudsonica)
*Leucorrhine apprivoisée (Leucorrhinia proxima)
*Sympétrum à dos roux (Sympetrum rubicundulum)


Les espèces précédées d'une étoile (*) ont été vues pour la dernière fois à Gatineau il y a environ 100 ans… Ce sont ces espèces que j'aimerais retrouver cet été à Gatineau. Défi! 
(Noter que la liste pourrait changer quelque peu lorsque nous aurons terminé la compilation des données. La liste complète et mise à jour apparaît dans l'inventaire préliminaire des libellules de Gatineau.)


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Il serait tentant de penser que l'urbanisation de Gatineau a entraîné la disparition d'espèces spécialistes, particulièrement celles associées aux ruisseaux et aux rivières, et a favorisé l'apparition d'espèces généralistes, pionnières et prospères dans les milieux eutrophisés. C'est l'hypothèse que nous souhaitons vérifier lors de notre saison d'inventaire 2014. Pour ce, nous allons concentrer nos efforts dans 2 endroits pour lesquels nous disposons de données historiques et pour lesquels notre effort d'inventaire n'a pas été suffisant en 2000-2012: le Lac des Fées et la rivière Gatineau. 


(À suivre dans le prochain billet...)



1 commentaire:

  1. Ce sera avec grand plaisir, Rémi! Le lac des fées est un endroit que j'ai trouvé difficile à inventorier (végétation touffue, sédiment mou, sangsues, herbe à puce, etc). L'aide de quelqu'un qui connait la place nous sera très utile. Au plaisir, donc. La saison des libellules devrait commencer à la fin mai, début juin.

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